9- Ne laisse aucune trace de ta souffrance

L’autre jour, je tombais sur une vidéo poignante de Christiane Singer qui, dans toute son élégance, rapportait le propos d’un rabbin new-yorkais en fin de vie : “Ne laisse aucune trace de ta souffrance sur cette Terre, si tu veux vraiment faire quelque chose pour ce monde”, disait-il en évoquant un épisode de son histoire d’enfant. J’ai été bouleversé par ce propos criant de vérité, alors voici ma prière.

Libère-toi de ta souffrance d’enfant, toi le jeune, le vieux, ou l’entre-deux, toi l’homme, la femme, la mère, le fils ou le père, libère-toi de la souffrance que tu laisses sur cette Terre.

Car tu as bien trop de valeur pour laisser ta propre souffrance emprisonner l’être magnifique que tu es. Le monde a tellement besoin de toi, de ta lumière. Oh oui ! De ta grande lumière, de ton art, de tes dons, de tes doigts, de ton regard, de tes choix, de tes soins, de ton tintouin, de tes recoins, de ton style, crocodile, agile, habile ou débile. De ton style dans le mille. Le monde a tellement besoin de savoir qui tu es pour de vrai, ni résigné, ni coupé, ni masqué. Le monde a tellement besoin de toi, alors, bien plus que de t’efforcer à réussir ou être aimé, ne laisse aucune trace de ta souffrance passée.

Alors demain, au petit matin, quand tu entendras le premier oiseau chanter l’Amour, à l’heure où le moteur des grues et ceux des voitures ronronnent aux alentours, à l’heure où les bicyclettes ne font pas encore tinter leur sonnette, toi, tu sortiras de ton lit, engourdi de ta nuit, ému par le silence de ta chambre et le froissement de tes habits.

Tu te rendras en ce lieu profane où, à cette époque, l’Amour s’est fait murer. Ce lieu où, le merveilleux enfant que tu as été, a perdu une partie de qui il était. Tu iras le chercher dans cette maison amère, cette poudrière, cette suffoquière, ce quartier hanté, cette rue grisée, ce lieu que tu connais, que tu avais classé “défense d’y toucher”.

Et là, dans sa tenue d’hiver ou d’été, pieds nus ou en souliers, il se tiendra devant toi, lui, cet enfant qui s’était cru perdu à tout jamais. En cet instant sacré, tu t’approcheras de lui. Et tu prendras sa main d’enfant dans ta main de grand. Tu prendras sa main d’enfant dans ta main de grand pour lui dire que c’est fini et que tout va bien à présent. Tu le ramèneras chez toi, pour t’occuper de lui, pour t’occuper de toi. Et ce faisant, tu libéreras la trace de ta souffrance. Et tu brilleras de mille éclats, comme ce diamant déterré qui offre sa lumière à l’Univers en joie.

Au nom de toi, au nom de l’Amour, au nom de la Paix, au nom des enfants, des femmes, des hommes et de la Vie sur Terre, au nom du Père, ne laisse aucune trace de ta souffrance sur cette Terre.